Ce nom ne vous dit peut-être rien, pourtant, elle a marqué l’Histoire et continue de le faire de nos jours.
Nous allons maintenant découvrir ce qui l’a propulsé au rang des personnalités incontournables dans le monde du sport.
Table des matières
Mais qui est-elle ?
Américaine, née le 5 janvier 1947, Kathrine Virginia Switzer fait partie des personnalités les plus emblématiques de la course à pied. À la fois athlète, militante et écrivaine, elle ne cessera de vous impressionner. Elle a non seulement brisé les barrières en devenant la première femme à courir officiellement le marathon de Boston en 1967, mais a également créé un changement social positif, à l’échelle mondiale. Elle a permis à des millions de femmes de s’émanciper par le biais de la course à pied.
Commençons par le commencement !
Le marathon de Boston
Trouver sa passion
Lorsque qu’elle avait 12 ans, elle a annoncé lors d’un dîner de famille qu’elle voulait devenir cheerleader au lycée. Pour elle, cela signifiait être joli et populaire et qu’elle pouvait sortir avec le capitaine de l’équipe de football américain. Sans perdre un instant, son père, grand colonel de l’armée américaine très macho et très conservateur lui dit : “Tu ne veux pas être une cheerleader. Les cheerleaders encouragent d’autres personnes. Tu veux que les gens t’encouragent. Le jeu est sur le terrain. La vie est faite pour participer, pas pour être spectateur”. C’est alors qu’elle eu un déclic. Elle n’avait jamais pensé de cette façon. Son père ajouta : “Ton école a une équipe de hockey sur gazon. Je ne sais pas ce que c’est. Je sais seulement qu’ils courent et je sais que tu peux courir. Alors, pourquoi ne pas sortir et courir un mile (1,6 km) par jour. Si tu courais un mile par jour, tu ferais de cette équipe la meilleure joueuse de l’équipe”. Elle rejoignit l’équipe, devenant une bonne joueuse, cependant, elle découvrit sa passion : la course à pied.
Le début de l’aventure
Le talent et les aptitudes sont partout. Ils ont seulement besoin d'une opportunité.
Kathrine Switzer
Elle est allée à l’Université de Syracuse. Elle voulait être rédactrice sportive car il n’y avait pas de sport féminin dans cette université. Kathrine avait l’intention d’écrire un article à ce sujet. Elle va décider de s’entraîner avec l’équipe masculine de cross-country de façon officieuse. Ils ont été merveilleux avec elle en l’accueillant à bras ouvert lorsqu’elle s’est présentée à eux.
À rappeler qu’on est en 1966, le mouvement de libération des femmes étaient très contesté.
C’est à ce moment-là qu’elle a rencontré Arnie Briggs, 50 ans, facteur de l’université, vétéran de 15 marathons de Bostons qui s’était entraîné avec l’équipe. Il était ravi de voir une femme venir courir et l’a pris sous son aile pour l’entraîner. Pendant les séances difficiles du soir, il la choyer en racontant encore et encore des histoires du marathon de Boston. Elle adorait l’écouter.
Les négociations
Lors d’une course de six miles (9,6 km) dans une tempête de neige à la mi-décembre 1966, Kathrine a eu une dispute avec son entraîneur, Arnie Briggs. Cette nuit-là, elle a craqué lorsque Arnie lui parla du marathon : “Oh, arrêtons de parler du marathon de Boston et courons ce fichu truc ! ”. Il rétorqua : “Aucune femme ne peut courir le marathon de Boston”. “Et pourquoi pas ? Je cours 10 miles par nuit !” Lui répondit Kathrine.
Arnie a insisté en lui disant que la distance était trop longue pour que des femmes fragiles puissent la courir. Il a explosé quand Kathrine lui a parlé de Roberta Gibb qui s’était cachée derrière un buisson avant le départ et qui avait terminé le marathon en avril de la même année.
“Aucune femme n’a jamais couru le marathon de Boston”, a-t-il crié. Puis il a déclaré : “Si une femme pouvait le faire, tu le pourrais, mais tu devras me le prouver. Si tu courais la distance à l’entraînement, je serais le premier à t’emmener à Boston.” Elle a souri. “Bon sang”, s’est-elle dite : “J’ai un entraîneur, un partenaire d’entraînement, un plan et un objectif : la plus grande course du monde, Boston”.
Réussir les 26,2 miles
Trois semaines avant le marathon, Arnie et Kathrine sont partis courir 26 miles (41,8 km), soit la distance du marathon de Boston. Alors qu’ils arrivaient dans la dernière ligne droite Kathrine a demandé à Arnie de faire cinq miles (8 km) de plus, cela semblait trop facile. Arnie a accepté à contrecœur. À la fin des 31 miles (49,8 km), elle l’a serré dans ses bras avec enthousiasme et il s’est évanoui.
Inscription au marathon
Arnie a emmené Kathrine au marathon de Boston. Il a insisté pour qu’elle s’inscrive : “Ça ne compte pas, sauf si tu es officielle”. Ils ont dû vérifier le règlement et le formulaire d’inscription : il n’y avait rien sur le genre dans le marathon. Une fois le règlement vérifié Switzer s’est inscrite en versant trois dollars en liquide comme frais d’inscription, inscrit son numéro d’AAU (Amateur Athletic Union) et a signé comme elle le fait toujours par “K.V. Switzer” en donnant également un certificat d’aptitude physique.
Il est important de savoir qu’à l’époque il n’y avait que des hommes qui couraient. Pour cause, de nombreux clichés ont été créés pour dissuader les femmes de courir :
- Cela augmenterait drastiquement leur pilosité
- Les femmes deviendraient plus masculines (prise de muscle)
- Elles pourraient perdre leur utérus en courant
La formation de l’équipe
Kathrine devait faire le marathon avec son entraîneur. Ils ont été rejoint par le petit ami de Kathrine, un ancien joueur de football américain de 235 livres (106,6 kg) et lanceur de marteau classé au niveau national, connu sous le nom de Big Tom Miller. Il a annoncé qu’il allait lui aussi participé au marathon et qu’il n’avait pas besoin de s’entraîner : “Si une fille peut courir un marathon, je peux courir un marathon”. Suivit par John Leonard, de l’équipe de cross-country de l’université qui a décidé de se joindre à eux. L’équipe sera alors constituée de quatre personnes lors de ce marathon.
Le Jour-J
Le marathon de Boston a eu lieu le mercredi 19 avril 1967. Les conditions météo n’étaient pas au beau fixe. Toute en féminité, maquillée, dossard 261 accroché à son sweat-shirt Kathrine et ses coéquipiers se préparent au départ. Beaucoup d’hommes sont venus la voir, tout excités en disant “Mon Dieu, c’est génial de voir une fille ici !”, “Tu peux me donner des conseils pour que ma femme se mette à courir ? Elle adorerait ça si je pouvais la faire commencer”. Elle s’est sentie spéciale et fière. Tout le monde finit par se calmer et se place dans l’attente du coup de feu, signe du départ de la course. La lutte commence.
Cours aussi vite que tu peux !
Arnie Briggs
Au alentour de quatre miles (6,4 km), Kathrine se fait attraper par l’épaule et se fait projeter en arrière sans qu’elle n’est le temps de réagir. Cet homme, était en fait Jock Simple, directeur de la course, lui criant “Dégage de ma course et donne-moi ces numéros !”. Puis il tente d’arracher son dossard, mais échoue. Arnie va alors se battre contre lui et essaye de le repousser tout en lui criant de la laisser tranquille, mais en vain. C’est alors que Big Tom intervient, projetant Jock sur le bord de la route. À ce moment-là, Arnie regarde Kathrine et lui crie “Cours aussi vite que tu peux! ”, l’adrénaline montant, ils poursuivirent leur course.
C’est à ce moment précis, après cette violente altercation qu’elle se dit qu’elle n’abandonnera pas. Elle sait que si elle abandonne, personne ne croirait jamais que les femmes soient capables de courir plus de 26 miles (41,8 km). Si elle abandonne, tout le monde dira que c’était juste un coup de pub. Si elle abandonne, cela ferait reculer le sport féminin au lieu de le faire progresser. Si elle abandonne, elle en courra jamais le marathon de Boston. Si elle abandonne, elle donnera raison à Jock Semple et à ceux qui pensent comme lui. Toutes ces raisons l’ont poussé à continuer.
Plus loin Jock Semple se tient sur le plancher du bus, debout, s’accrochant à la porte extérieure. Elle était intérieurement soulagée qu’il ne soit pas gravement blessé vu le choc qu’il a reçu précédemment. Le bus va alors ralentir et Arnie fou de rage, secouant le poing, va lui hurler “Vous allez tous avoir de gros problèmes! ”; tout autour d’elle et de ses coéquipiers, des hommes vont la soutenir en faisant des doigts d’honneur et en criant des grossièretés sur Jock. Le bus va ensuite accélérer et les laisser en paix.
Tous plongés dès à présent dans leurs pensées, Kathrine va se retourner vers Arnie et lui dire qu’elle va tout faire pour finir la course même si elle doit le faire à quatre pattes. Dans la douleur, la sueur et la fatigue, Kathrine, Arnie et John arrivent dans la dernière ligne en descente. John va alors dire de laisser Arnie finir en premier mais celui-ci n’est pas d’accord et souhaite qu’ils franchissent tous les trois la ligne d’arrivée ensemble. Ils ne vont pas l’écouter et le pousse au dernier moment en avant. Tom ne franchira pas la ligne avec eux, il est parti devant en cours de route.
Les photos prises de Kathrine et ses coéquipiers par le camion de presse feront la une de plusieurs magasines. Son exploit va alors révolutionner le monde du sport. La photo de cet incident où elle est physiquement attaquée par le directeur de la course fait partie des “100 photos qui ont changé le monde” de Time-Life.
En finissant la course elle s’est donnée pour objectif de s’améliorer en tant qu’athlète mais également de créer des opportunités pour les femmes.
Militante
Après ce fameux marathon Kathrine Switzer a eu l’idée de créer une série de courses mondiales réservées aux femmes. C’est l’occasion de leur donner l’opportunité de ne pas être intimidées. Cette idée a été possible grâce au sponsor Avon Cosmetics qui l’a engagé. Ils ont créé une série de courses dans 27 pays, 400 évènements pour plus d’un million de femmes.
Kathrine a ensuite apporté les données et les statistiques de tout cela au Comité international olympique et ils ont dû voter le marathon féminin dans les Jeux olympiques en 1985.
Elle a également créé une association nommée 261fearless.org. Cette association a pour objectif d’ouvrir une série de clubs partout dans le monde entier, aidant les femmes à ne pas se sentir jugées et à devenir intrépides par le biais de la course à pied.
Athlète
Kathrine Switzer a couru 39 marathons. Elle continue de courir encore aujourd’hui. Elle a remporté le marathon de New York en 1974, et en 1975 le marathon de Boston avec son meilleur temps de 2 heures et 51 minutes. Cela lui a permis d’être classée sixième au monde et troisième aux États-Unis dans le marathon féminin.
Elle a notamment participé au 50e anniversaire du marathon de Boston en avril 2017. Switzer a porté le dossard 261 et a été entourée par 13 500 femmes, soit 49 % des participants cette année-là.
Non seulement Kathrie est une athlète accomplie, mais elle rayonne dans divers domaines, tels que : la radio, la télévision, l’écriture, l’intervention de conférence, dans le marketing sportif, commentatrice télé, etc. C’est une femme aux multiple facettes.
Autrice
Elle a écrit plusieurs livres. Son premier livre, Running and Walking for Women Over 40, a été publié en 1997. En 2005, elle a coécrit avec son mari Roger Robinson, 26.2 Marathon Stories. Suivi en 2007 par ses mémoires Marathon Woman.
Si vous voulez en apprendre d’avantages sur cette femme à la personnalité haut en couleur, je vous conseille:
- Son site web : https://kathrineswitzer.com/
- Une de ses conférences:
- Vidéo Youtube:
- Films documentaire où elle apparaît :
1. Free to run (2016)
2. Spirit of the marathon (2007)
3. Run for your life (2008)